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L'Atelier de Claude Bujeaud

Pierre TILLIER, aide de camp et agriculteur

3 Janvier 2022 , Rédigé par Casper Publié dans #Bustes

Bronze 2004 H 30, L 31, p 27 cm, patine : barège + nitrate de fer

Bronze 2004 H 30, L 31, p 27 cm, patine : barège + nitrate de fer

Pierre TILLIER (1780-1869), aide de camp du Maréchal Brune

Pour l’enfant du pays de Sainte-Hermine (85) – bien que de souche maraichine – il est bon de se référer à l’ouvrage d’André Bujeaud qui narre à merveille les recherches en agriculture de Tillier de retour après son épopée napoléonienne alors aide de camp du Maréchal Brune. Cet ouvrage « PIERRE TILLIER, L’Agriculture à Sainte-Hermine au début du XIXe siècle » est édité par Histoire et patrimoine du canton de Sainte-Hermine, bien que non encore signalé dans le blog de leur association à ce jour, et que l'on peut se procurer à l'Office de Tourisme de Sainte-Hermine (85210) ou en s'adressant à la Mairie ou à la boulangerie Sicard du même lieu.

Pourquoi un buste en bronze de surcroît pour cet illustre inconnu ? Eh bien parce qu' il est mon aïeul ... et puis aussi parce qu'il a influencé les modes de cultures agricoles en Vendée et autres lieux.
Mon frère travaillait sur la biographie alors j'ai fait le buste en argile ; et comme mon fondeur préféré me devait un bronze, moyen de me payer en nature des portraits faits sur sa commande, il me coula le bronze et je fis ciselure et patine. Patine que j'hésite à refaire tant elle a évolué, voir en fin d'article.

Technique : Argile directe moulée et, pour la fonderie, cire modifiée pour le rehausser.

Pour ceux qui ne se sont encore procuré l'ouvrage, voici en résumé les quelques faits marquants de ce personnage plus connu chez nous pour les avancées en agriculture que pour ses faits d'armes.
Le jeune Pierre nait en 1780 à Chaillé-les-Marais (Vendée), petite ville reculée du marais poitevin où son père est médecin-chirurgien.

Le militaire

Il commence des études classiques, mais très tôt, il est pris par les idées révolutionnaires d'alors ; il veut s'engager comme volontaire et aller défendre sa patrie menacée, cependant, encore trop jeune, il devra attendre l'âge requis pour faire son devoir et entre donc dans l'administration. On le retrouve en 1794, à treize ans, comme employé dans le 4e bureau du district de Fontenay-le-Peuple où il travaille avec exactitude et assiduité.
À la même époque son père, Michel-Philippe Tillier (1752-1835), médecin et chirurgien, entrant lui aussi dans la tourmente républicaine, est nommé juge de paix en 1792, électeur du canton de Chaillé-les-Marais puis chargé d'organiser la Garde nationale de ce canton et ceux de Saint-Michel (en-l'Herm) et de Luçon. Aussi en janvier 1794, devient-il administrateur du district de Fontenay ; Pierre, son fils aîné, dès qu'il le peut, entre dans une compagnie de Dragons..

En 1797, le général Brune (1763-1815) remarque ce jeune et courageux soldat de 17 ans, le trouvant également intelligent et instruit - et de plus ayant une belle calligraphie -, il le prend comme secrétaire particulier. À partir de cette époque et jusqu'en 1808, leurs rapports seront ceux d'un père et d'un fils; Pierre Tillier gardera toujours une vénération et une loyauté sans failles pour son protecteur.
Tillier, en tant qu'officier d'ordonnance, fait la campagne de Hollande (1799). Il accompagne son général dans l'admirable retraite de Beverwick, qui sauvera l'armée française.
Il suit son mentor en Vendée, où Brune commande les armées de l'Ouest, puis participe à la seconde campagne d'Italie.

En 1802, Guillaume Brune est ambassadeur à Constantinople, Pierre Tillier le rejoint en tant que secrétaire de légation, mais ceci est une très longue histoire.
En 1807, les deux amis sont à Hambourg, où le maréchal Brune (nommé maréchal d'Empire en 1804) est gouverneur général des villes hanséatiques. Lors de cette garnison, Brune présente son protégé à un ami connu autrefois à Paris, vers 1793, chez Danton : Georg Kerner, un médecin. Par la suite, ce dernier recevra chez lui le jeune sous-lieutenant et parlant de sa belle-sœur lui dit : " Fous ferrez, c'est une très cholie cheune fille !" (selon souvenir familial) et lui fit faire la connaissance de ladite belle-sœur, Jeanne Christine Duncker, une charmante fille de dix-huit ans.

Les deux jeunes gens se plaisent et se marient à Hambourg en 1807, avec bien sûr comme témoin le général Brune. Le couple habite alors à Hambourg dans la Grosse Bleiche, rue donnant sur le lac Alster, quartier résidentiel où j'ai précisément habité ; les cousins Tillier en détiennent une gravure de l'époque, que voici. (Cette rue se trouve près de de la cathédrale que l'on voit à droite. La promenade se situe sur les fortifications englobant le lac Alster).   
Puis, à la même époque en Prusse orientale, Brune envoie Tillier chargé d'une mission auprès de l'empereur Napoléon et assistera ainsi à l'entrevue de Tilsit (7 au 9 juillet 1807).
Il suit Brune dans tout l'Ouest de la France et participe donc à la pacification des Chouans, ce qui soulage grandement l'Empereur ... et pourtant.

Après la campagne de Poméranie, c'est la disgrâce du maréchal Brune : on l'accuse alors de corruption et de malversation. En réalité si ces soupçons sont peut-être fondés, l'empereur Napoléon ne pardonne pas à son maréchal d'être hostile à ses ambitions impériales et d'être resté attaché aux valeurs de la République. De fait, lorsque la paix renaît, de nouveaux combats ont lieu parmi la Cour, largement alimentés par les jalousies mesquines et les commérages.
Toujours est-il que Pierre Tillier, dégoûté par les calomnies de salons, les tueries et les désastres des champs de bataille, préfère se retirer alors qu'il pouvait poursuivre une brillante carrière d'officier. Il démissionne néanmoins pour de réelles raisons de santé. Bien lui en a pris sinon comme la plupart de ses amis il ne serait pas revenu de la Bérézina.

L'agriculteur

Il va s'installer avec sa femme Jeanne Christine près des siens qui habitent depuis le début de l'Empire à Sainte-Hermine. Là, Monsieur Tillier père, qui ne s'occupe plus de politique, a repris sa profession de médecin de campagne.
Grâce à la dot de sa femme, Pierre Tillier achète un vaste domaine à la Coudraie, près de là. Il fait construire une maison bourgeoise pour loger sa petite famille qui compte bientôt deux garçons et une fille, et aménage des dépendances de ferme. Puis comme beaucoup d'anciens officiers de cette époque, se lance dans l'agriculture.
Dans le "Petit manuel pratique d'agriculture" qu'il fait paraître vers 1838, il raconte que lorsqu'il était militaire et chevauchait les riches plaines de la Flandre et de la Belgique, les plus étendues de l'Europe, couvertes de « superbes moissons qui les couvraient », il avait « conçu la pensée d'appliquer à nos terres le système suivi, depuis de longues années, par les habiles agriculteurs de ces deux pays ».

Après plusieurs années de travail intensif il transforme cette partie de plaine vendéenne essentiellement calcaire, qui autrefois arrivait avec peine à nourrir les paysans, en une ferme modèle et florissante. Ses secrets : un matériel agricole moderne et adapté qu'il modifie au besoin, la connaissance des sols, le moyen de les amender, pratiquer judicieusement l'assolement, le choix raisonné des cultures à faire en fonction de la terre, l'introduction de nouvelles espèces de semences, en particulier des plantes fourragères et un équilibre entre le cheptel et les cultures. L'application de ses principes, joints à une économie saine, parcimonieuse, beaucoup de travail et de persévérance ont fait merveille malgré la réticence de ses fermiers ; de nombreux agriculteurs de la région mettront en pratique sa méthode.
L'ancien petit lieutenant d'Empire, grâce à son labeur incessant et à son ingéniosité fonde le Comice agricole du canton Sainte-Hermine qui sera le premier Comice de la Vendée et en devient président, puis de celui de l'arrondissement de Fontenay-le-Comte.

Il décède le 16 novembre 1869, à l'âge de 89 ans, dans sa propriété de la Coudraie, entouré des siens. À son enterrement civil qui aura lieu deux jours plus tard, un long et imposant cortège funèbre composé principalement de cultivateurs et d'ouvriers agricoles l'accompagne jusqu'à la tombe.
Au fond du cimetière protestant de Sainte-Hermine, sur la droite, on a quelque difficulté à trouver sa modeste sépulture, parmi celles toutes semblables des familles Boutet, Tillier et Grimaux . On peut toutefois lire sur la pierre tombale de l'une d'elles, sur laquelle est représenté en relief une croix de chevalier de la Légion d'honneur :

Pierre François Philippe Honoré TILLIER
Agriculteur
13 juillet 1780 - 16 novembre 1869

S'il montrait peu d'orgueil pour la Croix de Sainte-Hélène par contre il était très fier de la Légion d'honneur car attribuée pour ses mérites en Agriculture.

Ici modèle original en argilequi fut moulé ...

et la cire tirée qui a été modifiée à la base pour couler le bronze

Modèle en argile  ............et cire sortie du moule, modifiée et  parée pour la fonderie
Modèle en argile  ............et cire sortie du moule, modifiée et  parée pour la fonderie

Modèle en argile ............et cire sortie du moule, modifiée et parée pour la fonderie

Et voici l'évolution de la patine après presque 20 ans, en 2021

 

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