Micky ou Animal fabuleux

Plâtre direct – 1980 – H 22 cm

Cet animal étrange est sorti d'une inexpérience totale dans l'art du plâtre, de la façon de faire et d'une qualité de plâtre très spéciale.

Réalisation.

Il existe 2 écoles pour travailler le plâtre : l'une enseigne de le 'gâcher' en le saupoudrant délicatement dans l'eau en bonnes proportions et le laisser reposer. Les plâtriers du passé avaient le temps de 'griller' une cigarette … c'est la bonne proportion en temps ! mais serait mauvais pour la santé dit-on... ils allaient jusqu'à uriner dans le plâtre pour allonger le temps de prise, méthode efficace certainement quant à l'odeur il n'est fait aucun commentaire.

Alors seulement ils pouvaient tartiner les murs et plafond à l'état gélatineux. Entretemps j'ai appris ladite méthode mais sans usage frénétique de la cigarette, et c'est un véritable bonheur que de monter des parois verticales toute gélatineuses que l'on peut lisser à loisir alors à consistance œuf en gelée.

Mais pour revenir au sujet il y a la méthode n° 2 qui consiste après saupoudrage dans l'eau à le battre très vivement, l'inverse donc. Quelles sont les différences d'application et résultats des 2 méthodes ?

Technique non encore éprouvée, sauf pour notre animal … et là c'était la catastrophe, le plâtre - ce plâtre-là -ne prenait pas et s'effondrait en bouse de vache.

Devant les boulettes de plâtre qui se formaient je les agglutine pour obtenir un ensemble cohérent, et une fois un noyau constitué j'avance dans le travail. Qui finalement aboutit avec peine au résultat escompté à force de râpe et de lime. Ce plâtre est très dur.

Si j'avais regardé l'emballage avant utilisation .... , il était bien indiqué qu'il ne fallait pas l'agiter dans l'eau !!!

Il n'y a eu aucune influence de Jean Arp dans la conception, n'ayant connu son style que beaucoup plus tard .

Consécration … ou pas

Un beau jour,d'été, arrive dans notre petite ville vendéenne l'exposition annuelle de peinture. Tout le monde s'affaire – enfin, les volontaires habituels – à l'installation des cimaises, tables, panneaux et ficelles complémentaires, ceci dans la joie, la bonne humeur et la plus grande fébrilité.

Comme à l'accoutumé je fais mon petit effet en amenant mes socles gigognes avec la charrette à bras.

L'avantage des sculptures est que dans les grandes salles elles occupent l'espace plus facilement au centre à l'opposé des tableaux qui nécessitent un support.

Les visiteurs arrivent et parmi eux nous retrouvons une vieille connaissance, professeur d'art et artiste elle-même. Plutôt branchée art contemporain elle est peu attirée par mes figurines classiques bien que dit-elle reflétant une sensualité à fleur de peau (sic).

Et là elle tombe en arrêt devant l'Animal fabuleux …il sortait de mon registre habituel, et du sien aussi je pense.

Après étude et montrant de l'intérêt elle demande ce que cela représentait. Voila une bien étrange question et dans ces cas là il faut dire " Si vous ne trouvez pas, eh bien alors je l'ai raté ".

NdlR : "Ce n'est pas à l'artiste d'expliquer son œuvre mais au critique d'art." dit un grand écrivain ou artiste ?

Mais à mon amie je lui ai dit la vérité toute crue ! … C'est la représentation stylisée d'une peluche, la mascotte d'un petit neveu.

Alors là elle était déçue, mais déçue ! … allez comprendre le genre humain.